Ce qui manque le plus, là, maintenant, à notre époque, c'est l'idéal, le courage, la noblesse d'esprit, la chevalerie.
C'est cela qui nous manque, le côte chevaleresque. C'est vrai.
Par exemple, dans le langage de tous les jours, c'est le merdier. Ça craint, ça pue...
Ce qui nous manque, ce sont les "morbleu", les "nenni", Oh, les "diantre", les "bigre".
- 0h, bigre !
Les chevaliers du temps jadis, quand ils festoyaient en parloyant le vieux françois.
Moi, je préfère le vieux françois.
C'est vrai, c'est gai... sympathoyant... dèlicatoyant... et en même temps, c'est pas fatigoyant pour les nerfes.
C'est, euh... chevaleresque, voilà.
Là, moi, tel que vous me voyez, je suis chevaleresque à donf.
Tiens, ben ! À l'époque... À l'époque... c'était quand même plus agréable de dire : "Holà, chevalier, fi ! C'en est trop", plutôt que : "Casse-toi, toi, tu fais chier."
L'esprit n'est pas le même, hein... ?
Ou encore : "Ah, souffrez, Comtesse, que je vous suppliâte."
Plutôt que : "Vas-y, Madame, fais pas ta pute !"
Ou encore : "Tâtez cette étoffe, Monseigneur."
Plutôt que :"Eh, touche ton cul, toi, oh là !"
Tiens, ben, laissois-moi vous narois une petite anecdote, hein... - En vieux français, oui...
Pas plus tard qu'au temps jadis de cet après-midi, j'étais assoyè sur un banc.
Ouf, perdois dans mes pensées.
"Mais morbleu", me direz-vous, "à quoi diantre pensiez-vous ?"
A rien, à que nenni.
Bref, de rien à branler n'avais-je et...
- Passoyons. Chut !
- "Oh, zyva !"
Quand tout à coup, arrivent sans crier gare, deux manants, deux bons gros blancs bien de chez nous, à la peau de poulet et au crâne rasois.
Mais tous deux tondus, telles deux faces à cul.
Bof... Dame, et alors ?
- Holà ! Bon... Bonjour! Chevaliers au crâne tondu, telles deux faces à c...
Euh... Alors, ça... chatte ?
- "Ta gueule là !"
- "Hou... Bigre. Votre humeur mauvaise me met bien mal à l'aise.
En vieux françois, vous eûtes pûtes dire...
- Euh... Non, j'ai pas dit "pute" ! Passoyons...
Est-il vrai que vous soyez si fiers d'être français que c'est avec vos soeurs que vous vous mariez ? Hein ?
Aucune réponse en retour ne me vint.
Mais rien, que dalle, n'zouboulou...
Que le claquement sec et très discourtois, d'une main sur un avant-bras. : - "Pff !" - "Ha !"
- "Faire foutre va te !!!"
Ha ! Ha !
Et alors que je dètournois mon regard, cherchant alentour un endroit où me "faire foutre va te", je sentis ces deux putois se jetoyer sur moi.
Mais lâche-moi moi, fi !
Quand les deux manants eurent fini d'en découdre et que je n'avais plus qu'à me faire recoudre, j'avisai d'un endroit parfait pour me faire "va te faire foutre".
J'y allois donc et après avoir marché une bonne heure, d'un pas sûr alerte, - "alerteee !!!"
Je sentoyis le courage me debordoyer le coeur et je me retournais face à ces vils manants, que je voyais maintenant devenus tout petits, et je leur lançois enfin d'un ton chevaleresque :
- "Ah ! Ah ! "On fait moins les malins, hein ?
Bande d'enculois !!!"