Noël chez les parents
Contexte : Isabelle et Martin sont divorcés depuis un an, mais Isabelle ne l’a jamais dit à ses parents. Isabelle a malgré cela demandé à Martin de venir fêter Noël chez ses parents …
(Ils arrivent à la porte de la maison des parents d’Isabelle, lui à un cadeau dans les mains)
ELLE : En tout cas c’est gentil d’être venu ....Hein
LUI (fait la gueule) : Hum hum hum
ELLE : Bon, ça va ?
LUI : Ouais
ELLE : Tu te sens bien ?
LUI : Oui
ELLE : Tu te sens bien ? Ca va ?
LUI (énervé) : Oui, ça va, ça va, ça va, depuis Paris, ça fait 10 fois que tu me demandes. En tout cas, merci pour les secondes hein. Les bidasses en perm’ plus une colonie dans le même wagon ça met bien de bonne humeur. C’est pour tes parents que je suis venu, on est bien d’accord.
ELLE : Hum
LUI : Hein, c’est pas pour toi
ELLE : Huuuummmm
LUI : Bon ben alors sonne
(Elle ne fait rien)
LUI : Et ben ? Bon dis-donc, t’es malade ou quoi ? Depuis la gare tu fais une drôle de tête.
ELLE : Bon, je te l’ai dit dans ma lettre hein que mes parents, ils étaient vieux.
LUI : Oui, tu me l’as dit, oui.
ELLE : Qu’ils étaient fragiles. Qu’il fallait les ménager.
LUI : Bon de toute façon, je ne suis pas venu pour leur casser la gueule. (rires) Pis, je vais te dire, qu’ils aient eu envie de me voir malgré notre divorce. Ah ben, ça me touche. Là, j’avoue, chapeau, ils m’épatent les Ténardier … Et que nous, pour Noël, on ait décidé d’enterrer la hache de guerre, et ben, c’est un beau cadeau que tout le monde fait à tout le monde. Tiens, en parlant de cadeau, ça devrait leur plaire, c’est une maquette du Titanic … avant qu’il ait coulé bien sur.
Bon allez, je sonne.
ELLE (en s’interposant) : Non, tu ne sonnes pas
LUI : Quoi ? Je frappe ?
ELLE : Non, tu ne frappes pas non plus
LUI : Qu’est-ce qu’on fait ? On attend qu’ils devinent qu’on est là ?
ELLE : Bon, Martin, faut qu’j’te dise quelque chose. Ca va rien changer pour toi, alors ne t’énerve pas, hein
LUI : Ah non non non non non, tu ne vas pas me sortit un truc désagréable, pile juste avant de les voir, hein?
ELLE : Non, ce n’est pas désagréable … ‘fin bon, je ne peux pas non plus te promettre que c’est agréable …c’est un peu original … ‘fin inattendu en tout cas
LUI : Oui, c’est un peu long surtout je trouve.
ELLE (hésitante) : Bon … oui … heu … toi… toi, tu le sais qu’on est divorcé ?
LUI (surpris) : Oui
ELLE : Et ben pas eux … Voila, je peux pas faire plus court (elle s’apprête à aller sonner)
LUI (l’arrête) : Refais long parce que j’ai pas bien compris c’que tu viens de dire
ELLE : Bon, alors, je vais te le diluer hein, pour que ça passe mieux … J’ai heu … J’ai jamais jamais jamais jamais pu leur dire qu’on avait divorcé, voila
LUI : Quoi ?!?
ELLE : Non, j’ai toujours eu trop peur de leur réaction
LUI : At …attends ‘tends ‘tends ‘tends … attends, t’es en train de me dire que tes parents pensent qu’on est encore marié ?
ELLE : Oui .. et ben, tu voies, formulé comme ça, c’est encore plus clair !
LUI : En un an, t’as pas réussit à leur cracher le morceau ?C’est une blague ?... c’est pas une blague ! Mais t’es complètement givrée ma pauvre Isabelle ! Elle est complètement givrée ! Dis moi que c’est pas vrai ! Ne me dis pas qu’on va arriver chez eux et leur faire croire que l’on est encore ensemble ?
ELLE : chut !
LUI : C ’est pas possible … alors là, ça dépasse tout ! … là, là, là … on atteint des sommets de connerie !!
ELLE : Chut
LUI : Elle m’aura tout fait !
ELLE : Quoi quoi quoi, tu leur as toujours tout dit à tes parents toi ? Tu lui as dis à ta mère que tu avais perdu ta médaille de baptême ? Hein ? Tu lui as dit ça ?
LUI :Non !
ELLE : Chut !
LUI (tout bas) : Non, c’est vrai, je lui ai pas dit que j’avais perdu ma médaille de baptême. Je lui ai pas dit non plus que la semaine dernière j’avais cassé un verre. Mais p’tetre aussi que j’avais trop peu de sa réaction.
ELLE : Oh d’accord, tu penses qu’à toi. Très bien. J’ai compris. On va sonner. On va leur dire « Joyeux Noël » ; Juste derrière « on a divorcé ». Mes parents meurent, la dinde on va la manger au cimetière !
LUI : Putain ! Moi qui voulait enterrer la hache de guerre … je vais te la déterrer vite fait, je vais décapiter tout le monde … Voila, regarde ce que j’en fais de leur maquette (il piétine le cadeau)
ELLE : 2 heures. On en a pour 2 heures. Tu vas pas mourir.
LUI : Ça, c’est pas sur !
(On imagine que la porte s’ouvre et que la maman apparaît)
LUI : Oh putain …
ELLE : Aaaah, bonjour. Bonjour Maman (bises) Bonjour Papa (en criant, bises)
LUI : Ouais, bonjour, bonjour, oui.
ELLE : Ben rentre chéri, tu vas pas rester dehors.
LUI : Si, si, je suis très bien ici, commencez sans moi.
ELLE : (rire jaune) Aujourd’hui, il a mangé un clown (elle reprend le paquet et ils rentrent )
LUI : (gêné) Bonjour Josette (bises) … Ça va Maurice (serre la main) ? Oui, Joyeux Noël à vous aussi.
ELLE : Oui, Joyeux Noël tout le monde. Joyeux Noël mon amour (elle se rapproche pour faire une bise … il lui serre la main)
LUI : Joyeux Noël (rires) (ils se déshabillent)
ELLE : Très bien, très bien ouais, on a pris des premières non fumeur. Hein . On était comme des princes.
LUI : C ’est vrai que venir en seconde, ça aurait été une punition.
ELLE : Avec des tarifs couples, on aurait tort de se priver, hein?
LUI : … D être en couple
ELLE : Ben oui bon, ben, viens t’assoire chéri.
LUI : Je fais ce que je veux ( il sépare la banquette en deux)
ELLE : Bon, alors, comment vous allez tous les deux ? Oh la la, mais vous rajeunissez chaque année ! (en criant) c’est beau après trente ans de mariage … Hein ? Nous ça fait combien ? Ah oui, nous. Ah oui, maman demande, nous ça fait combien déjà chéri ?
LUI : Nous ca fait …
ELLE : Nous ça fait …
LUI : Nous, ça aura fait 6 ans
ELLE : Non !
LUI : C’est ça, 6 ans l’année dernière, plus un, 7
ELLE : … Oui …T’as raison maman. (en parlant fort) Elle a raison maman. 7 ans, c’est un cap, oui. C’est ce qu’on dit toujours.
LUI : 6 ans, on en parle moins, mais c’est un cap aussi
ELLE : Bon, écoutez, on verra bien, je croise les doigts
LUI : Et moi les jambes, tiens regarde.
ELLE (voix basse ) : Arrête
ELLE : Hein ? … Ben si, bien sur qu’y a des petites chamailleries, attends. Des petits nuages. (elle se lève pour aller derrière Martin et lui ébouriffer les cheveux) … mais pas d’orage
LUI : Mais … Je sais Maurice qu’il y en a qu’une comme elle, je sais. J’ai décroché le gros lot … Non pas le grelot, le gros lot. Ecoute, Isabelle, arrête de me tripoter les cheveux là. Vas donc le faire un petit peu à ton père, on les voit pas si souvent … j’irai le faire à ta mère toute à l’heure, tiens.
(Elle finit avec sa main gauche sur l’épaule de Martin)
ELLE : Pardon maman ? Les alliances ? … Ben oui, chéri, maman demande où sont les alliances
LUI : Oui, ben les alliances … c’est à toi qu’elle a posé la question hein?
(elle va se rassoire)
ELLE : Oui … alors … heu … les alliances … figurez vous que … l’hiver … on les met aux pieds !
LUI : C’est ça, au pied … sous la chaussette bien sur, sinon, c’est pas pratique
(ils se prennent la main et se balancent maladroitement)
LUI : Quoi de neuf ? Ah ben, quoi de neuf ? Quoi de neuf ?
ELLE : Quoi de neuf, ben toujours la moitié de 18 … Ah ben si, quoi de neuf, la semaine dernière, à la maison, dans la cuisine. Oh, raconte-le toi parce que moi je ne sais pas bien le raconter. Raconte-le.
LUI : Hein … Oui ... Ben oui … Ben, je vais vous la raconter alors … Ce qui s’est passé la semaine dernière … Dans la cuisine …
ELLE : Écoute-le, c’est très drôle
LUI : C’est vrai que je le raconte bien … Alors … Ben on était dans la cuisine … Heu … Pas très loin du salon …Et heu …Le lave vaisselle tombe en panne, je démonte le filtre, et dedans, qu’est-ce que je trouve ? Un ravioli. Voila, c’est finit.
ELLE : (rire jaune) Oui, enfin, là, il l’a pas très bien raconté là, hein. C’est vrai qu’il ne met pas beaucoup du sien non plus là, hein!
LUI : Mais, puisqu’on en est aux anecdotes. Raconte-toi, ce qui t’es arrivé.
ELLE : Où ca ?
LUI : Dans la cuisine, pareil, le lendemain.
ELLE : Ah … Ça … ah oui, oui, oui … Ça me revient oui.
LUI : Vous allez voir, c’est …
ELLE : Oui, parce que … J ’étais dans la cuisine donc … Et heu … J ’ouvre une boite de raviolis …. Et de quoi est-ce que je me rends pas compte …. Il en manquait un. (rires) Ouais ouais ouais …
LUI : Il s’en passe des choses dans cette cuisine, hein !
ELLE : Bon et sinon, vous, vous savez où vous partez en vacances l’année prochaine ? Pardon maman? Dans le jardin ?
LUI : C’est bien, c’est pas loin
ELLE : Nous cette année ?
(en même temps)
ELLE : On est allé en Grèce
LUI : On est allé en Corse
ELLE : Non attends, chéri, non c’est moi. Parce que je confonds toujours. On était en Corse ou en Grèce ? Le sirtaki, c’est ?
LUI : C’est la Corse. Corse ! Corse ! Corse ! … Oui … très belle île … Maurice
ELLE : Hein? Nous l’année prochaine ?
(Elle se lève pour aller du côté de Martin sur le canapé)
LUI (tout bas) : Ben ça, je vais te dire …
ELLE : Ben si, l’année prochaine, on va chez la mère de Martin ! Que j’aime beaucoup.
LUI : Chez ma mère ?
ELLE : Oui
LUI : Que t’aimes beaucoup ?
ELLE : Hum hum
LUI : Donc, on part en vacances à Melun.
ELLE : Voila, Melun, ben oui, parce que je me suis renseigné, ils annoncent du beau temps cet été sur Melun. Attends, mais on parle, on parle … et les cadeaux ? Hé ? Ils sont grands maintenant. Plus besoin de passer par la cheminée. On peut leur offrir les cadeaux, hein?
LUI : Les cadeaux ? Viens voir là 2 secondes. (il l’entraîne sèchement plus loin derrière)
ELLE (en se retournant) : Des petits secrets d’amoureux …
LUI : Je te signale toute de suite, je ne tiens pas une minute de plus. Alors, ou tu leur dis ou je m’en vais.
ELLE : Alors, moi vivante, tu ne sortiras pas d’ici.
LUI : Alors, tu leur dis.
ELLE : Plutôt crever.
LUI : Alors, c’est moi qui leur dit. (il se retourne) Bien alors, Josette et Maurice …
ELLE : On va danser pour vous. Be bop a lula. She is my baby. Be bop a lula. I don’t need a baby. (elle tombe dans les bras de Martin)
LUI : Ou tu leur dis, ou je te lache.
ELLE : Ben lâche moi.
LUI :T’es sur ?
ELLE : D’accord, je leur dis.
LUI : Bien
ELLE : Tintin hou !
LUI : Alors, on commence par mes cadeaux ? Bien alors … Maurice, ça c’est pour vous. Joyeux Noël. Une maquette du Titanic … après qu’il ait coulé bien sur. Non mais, vous le déballerez après parce que là, Isabelle a quelque chose à vous dire. Hein ?
ELLE : Je … Je … Joyeux Noël
LUI : Oui, mais annonce leur, c’est l’annonce faite à Maurice
ELLE : Papa, Maman … Martin et moi, il y a 6 ans … 7 ans, nous nous somme mariés
LUI : Hum hum hum
ELLE : Et .. Il y a un an … L ’année dernière donc...
LUI : Hum
ELLE : ...5 ans plus tard, d’un commun accord, comme de nombreux couples, nous avons décidé … d’adopter un petit Cambodgien !
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