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ET SI C'ETAIT A REFAIRE? Laurent Ruquier

Docteur Jouvence : Pierre Palmade
Claudine : Isabelle Mergault
Sophie Francini : Alexia Namani

Dr Jouvence : Dites-moi, tout est naturel chez vous ?
Claudine : Oui, c’est même ça qu’on me reproche, d’être trop naturelle.
Dr Jouvence : Vous direz aux clients que je vous ai refais la bouche ou même les joues.
Claudine : Pourquoi ?
Dr Jouvence : C’est mieux parce que c’est un métier où faut savoir mentir, vous comprenez. N’allez pas me les complexer, elles le sont déjà assez comme ça en arrivant. Donc il faut les désangoisser. Un peu de sérénité, beaucoup d’humour. Pensez à ça l’humour !
Claudine : Alors vous savez quoi, je vais noter, comme ça je retiendrai mieux. Alors vous m’avez dit de l’humour.
Dr Jouvence : Oui, discrète aussi. Ne jamais prononcer le nom d’une cliente devant une autre cliente, même au téléphone. Alors ici, il n’y a pas de cliente, il n’y a que des patientes. Notez ça : des patientes.
Claudine : (notant) Des patientes.
Dr Jouvence : Vous savez, la plupart des clientes arrivent ici le matin, maintenant avec les nouvelles technologies elles peuvent repartir chez elles le soir.
Claudine : Ah bah oui, grâce au TGV.
Dr Jouvence : Non, non, grâce aux ultrasons, à l’endoscopie, au botox, et alors fin du fin, au laser.
Claudine : J’en apprend des choses avec vous ! Mais quand même, il y a des risques à se faire opérer, il y a des ratés.
Dr Jouvence : Écoutez, tous les jours, en prenant votre voiture ou en traversant la rue, vous prenez le risque d’être défigurée, et ben en venant ici vous prenez le risque d’être belle.
Claudine : « Tous les jours, en prenant votre voiture ou en traversant la rue, vous prenez le risque d’être défigurée, et ben en venant ici vous prenez le risque d’être belle.. » Oh là là, mais qu’est-ce que c’est beau ce que vous venez de dire !
Dr Jouvence : Ça ne tient pas vraiment la route, mais ça fait son effet. C’Est-ce que vous direz aux clientes quand elles s’inquiètent. (En regardant un voyant lumineux) Ah aussi, toujours un œil sur les voyants du bureau ! Ça c’est Madame Carnot qui s’impatiente ! Il y a une nouvelle cliente qui arrive à 13h, c’est pour la poitrine. Vous lui faite remplir la fiche de renseignement et vous la faite… 
Claudine : Clienter… euh patienter !
Claudine :Alors 13h…Frantini…Sophie Frantini…
Sophie (entre) Oh oui, c’est moi !
Claudine : Excusez-moi, je ne vous ai pas entendu sonner. Vous venez pour votre poitrine.
Sophie : Vous avez deviné, elle est si moche que ça hein ?
Claudine : Non mais c’est le docteur qui me l’a dit, vous la voulez plus volumineuse.
Sophie : Oui, plus petit se serait difficile, c’est pour ça que je n’ai pas sonné.
Claudine : Ah bah oui, je comprend…(après réflexion) je comprend pas !
Sophie : Bah oui la sonnette, juste un téton sur une petite boule ronde ça me rappelle trop mon sein droit.
Claudine : Et pas votre sein gauche ?
Sophie : Bah si, mais il y a qu’une sonnette !
Claudine : Bien, alors, je vais vous faire remplir une fiche comme toutes les nouvelles clientes…patientes et je vous demanderai de bien vouloir patienter.
Sophie : Vous à ma place vous la feriez refaire cette poitrine, franchement ?
Claudine : (regardant sa poitrine) C’est-à-dire que là faut pas la faire refaire, faut la faire !
Sophie : Mais vous avez raison ! Non seulement j’ai rien mais en plus elle tombe, et rien qui tombe, ça tombe quand même. Mon fiancé, il me dit : « Moi, je te trouve belle » mais il n’y a rien de pire comme compliment. Ça veut dire t’es moche, mais je t’aime quand même ».
Claudine : Oh non, vous n’êtes pas moche. Votre fiancé ne peut pas penser une chose pareille. Et puis y’en a qu’aiment ça deux petits œufs aux plat. Il suffit que lui il ai de la brioche. Un café, un jus d’orange…ça vous fait un brunch !
Sophie : Oh la la, ne me faites pas rire, j’ai déjà des rides là. Je viens à peine d’économiser ce qu’il me faut pour les seins, je ne vais pas en plus investir dans un lifting. Tenez, regardez si je ris ce que ça fait !
Claudine : Oh non, c’est pas des rides ça ! C’est des ridules, des ridicules ridules. Vous avez bien le droit de rire quand même !
Sophie : Ah non ! Dès que j’ai  envie de rire, je pense à mes seins ça me coupe toute envie de rigoler.
Claudine : Écoutez, moi franchement je vous trouve mignonne. Si j’était vous je ne toucherai à rien. Mais je ne vais pas vous dire ça, si le docteur m’entend il me fera les gros yeux. Enfin bon, si vous préférez qu’il vous fasse les gros seins !
Sophie : Vous avez des chaussettes ?
Claudine : Des chaussettes ?
Sophie : Oui, dans votre soutien-gorge. Vous n’y avez jamais eu à surveiller, pendant toute une soirée, si vos chaussettes roulaient, si vos mouchoirs en papier ne dépassaient pas de votre décolleté?
Claudine : Ah non, jamais !
Sophie : C’est l’enfer. Moi je veux régler cette angoisse une bonne fois pour toute. Vous savez combien il va me prendre ?
Claudine : Ah non, je suis nouvelle, j’ai pas les tarifs. Mais ça va certainement vous coûter plus cher qu’une bonne paire de chaussettes !
Sophie : C’est pas grave. Y’en a qui dépensent toutes leurs économies pour s’acheter une voiture ou un écran plasma. Moi je préfère mettre l’argent dans ma poitrine.
Claudine : La mode est pourtant aux écrans plats !
Sophie : Pour les télés oui, mais pas pour les filles qu’on voit dedans. Je voudrai tellement que ma poitrine remplisse les grosses mains de mon futur maris !
Claudine : Bah faites-lui refaire les mains et gardez vos seins !
Sophie : Il m’avait promis je pouvait me payer des jolies seins après mon nouveau nez.
Claudine : Oh, mais c’est après l’accouchement que vous avez tout perdu. Mais ça c’est normal.
Sophie : Non, non, je parle du nez.
Claudine : Ah non ça je vous assure que non ! Moi j’ai une copine qui parle du nez, c’est épouvantable ! A chaque fois qu’elle m’appelle c’est : « Allo Claudine ! Devine qui c’est ! » Et moi je fais semblant de chercher pour ne pas la vexer la pauvre. Mais vous, vous avez une voix très mélodieuse.
Sophie : Non, vous ne comprenez pas. Je vous dis que je me suis déjà faite opérée du nez. Il était pas droit.
Claudine : Ah bon, Ça ne se voit pas dites donc. Enfin, je veux dire ça ne se voit pas que vous avez été opérée. C’est le docteur Jouvence ?
Sophie : Non, c’est la première fois ici. Je change de chirurgien parce que le premier s’y est prit à trois fois. Il avait raté.
Claudine : 3 fois ?
Sophie : Oui, mais maintenant ça va, il est beau !
Claudine : Mais oui vous avez un beau nez ! Et un bonnet, une paire de chaussettes, vous êtes habillée pour l’hivers ! De l’humour, toujours de l’humour qu’il a dit le docteur !
Sophie : Mais pour la poitrine, il n’y a pas trop de risques d’échecs ?
Claudine : Écoutez : « Tous les jours, en prenant votre voiture ou en traversant la rue, vous prenez le risque d’être défigurée, et ben en venant ici…(elle hésite) et bien c’est pareil !
Dr Jouvence : Mlle Frantini, c’est cous qui avez appelé hier ?
Sophie : Oui, bonjour docteur !
Dr Jouvence : Je suis à vous ! Alors faites moi voir ça.
Sophie : Et bien y’a rien a voir hélas !
Dr Jouvence : Bon, bon, approchez. Et bien où ils sont ? Ah les voilà ! Bon écoutez, une bonne hipopalasie mammaire. Vous allez voir on va faire des merveilles ensemble. Vous avez déjà eu recours à la chirurgie esthétique ?
Claudine : Oui, trois nouveaux nez, des triplés !
Dr Jouvence : Donnez moi la fiche Claudine. (il prend la fiche) Alors quel est le collègue qui vous a fait ça ? Oh là faut pas aller voir n’importe qui !… En trois fois ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
Sophie : On me l’a râper une première fois. Râpé et raté. Alors le Docteur Marcellin a prit un peu d’os au niveau de la hanche pour me sculpter un nez de rechange. Puis bon, comme j’avais une petite dent qui poussait sous la peau à l’emplacement de la cicatrice, il a refallut un petit coup de râpe. Mais maintenant ça y est, en trois fois mais c’est un beau résultat.
Claudine : C’est un chirurgien qui devenait gâteux. Il commençait à raboter ! Vous m’avez dit de l’humour.
Dr Jouvence : Oui mais là tout le monde est détendu, merci Claudine ! Alors pour votre poitrine, Mlle Frantini, on va tout faire en une fois.
Sophie : Mais les deus quand même ?
Dr Jouvence : Oui, bien sûr ! Je vais vous montrez une simulation sur ordinateur.
Sophie : Ah oui, vous allez me les faire en silicone, j’ai vu les résultats dans les magazines.
Dr Jouvence : Non, moi je n’utilise pas le silicone. Il y a encore trop de risques de fuites.
Claudine : Ah non, je ne dirai rien, ça ne sortira pas d’ici !
Dr Jouvence : Des fuites de gel de silicone Claudine. Oui parce que au cas où la prothèse se fissurait, le silicone trop fuide pourrait remonter jusque sous les aisselles.
Claudine : Déjà qu’elle a un bout de hanche dans le nez, si elle a les seins sous le bras.
Dr Jouvence : Non, ça s’est amélioré depuis, mais je ne suis pas très adepte. Non, on a tout essayé, l’ivoire, l’éponge, le plastique…oui…l’eau, l’huile, la graisse… ah oui y a rien qui…
Claudine : Mais puisque c’est pour mettre dans les seins, pourquoi pas du lait ? Ça aurait été logique ! Vous n’avez jamais pensé à du lait ?
Dr Jouvence : Claudine, ici on ne pense pas à du « lait », on pense à du « beau » !
Claudine : (riant) Oh Docteur !
Dr Jouvence : (à Sophie) Bon ce que je vous propose, ce sont deux belles prothèses à base de sérum physiologique et vous pourrez choisir la forme.
Sophie : Ah bon ?
Dr Jouvence : Oui, en pomme, en poire…
Claudine : En Scoubidou bidou !
Dr Jouvence : Je vais vous proposer un devis et vous aurait un minimum de 15 jours pour réfléchir.
Sophie : Oh, mais c’est tout réfléchit docteur !
Dr Jouvence : Ah non, attention, je ne veux pas faire de vous une bimbo. Un bonnet 90 A ou B tout au plus. Car il faut être raisonnable !
Sophie : Ils ne seront pas trop figés tout de même ?
Dr Jouvence : Rassurez-vous, ils bougeront en même temps que vous ! Aller venez dans mon cabinet, avec vos deux seins !

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