LES BOUCHERS Elie Semoun & Dieudonné |
BOB-RENE : Oh ! Merde ! oh lala ! heu... Guy-Francis ! Ils sont là les gens, heu !
GUY-FRANCIS : Y'a du monde là ? BOB-RENE : Heu ? ils sont nombreux ! GUY-FRANCIS : Ils sont combien ? BOB-RENE : Ils sont beaucoup nombreux ! GUY-FRANCIS : Heu ?... Écoute, j'ai bien réfléchit, j'préfère que tu y ailles tout seul, parce que... BOB-RENE : On a dit qu'on l'faisait ensemble ! Tu viens avec moi ! Allez viens ! Viens !... GUY-FRANCIS : Bon, ben... Bonjour les jeunes ! Bonjour la jeunesse... Heu ?... Y'a pas d'histoire... BOB-RENE : Bon, ben... Bonjour les jeunes ! Bonjour la jeunesse ! Heu ? GUY-FRANCIS : Bon, ben, ça va ! J'viens de le dire, écoute ! Tu vas pas répéter comme un perroquet... BOB-RENE : Bon ! Tu ne vas pas commencer à m'interrompre, hein ! tu vas pas commencer ! Attention, hein ! Guy-Francis : Bon, bref !... Fais bibi !... Bon, heu ?... Si nous, sommes ici messieurs dames, ce soir, c'est afin de nous exprimer concernant un problème grave ! BOB-RENE : ouais ! Ben, heu ?... Mesdames et messieurs, Guy-Francis et moi-même Bob-René, ici présent, heu ?... Bon, heu ?... Y'a pas de honte, on ne va pas chercher midi à 14 heures !... Ce n'est pas notre genre, heu ?... Ben, heu ?... Guy-Francis et moi-même, heu ?... Nous sommes... Heu ?... GUY-FRANCIS : on est quoi ?... On est quoi ?... BOB-RENE : Bon... On est homosexuel, c'est tout ! Voilà ! GUY-FRANCIS : Y'a pas de honte ! Hein !... Bon, on est gay ! Bon ! BOB-RENE : on est joyeux ! On est enjoué ! Hein !... GUY-FRANCIS : Ben écoute quoi !... On est deux tantouzes, deux fiottes, on est de la tantouze quoi !... BOB-RENE : Est-ce que je suis une tantouze moi ? GUY-FRANCIS : Évidemment que tu... BOB-RENE : est-ce que je suis une tantouze moi ? tu veux que j'te la fasse la tantouze !... Tiens ! Vais t'la faire la tantouze !... J'te la fais la tantouze ! Alors, j'suis une tantouze moi ? GUY-FRANCIS : Évidemment, tes une tantouze ! BOB-RENE : suis la tantouze ?! GUY-FRANCIS : quand tes en boutique, tes cul nu sous ta blouse à tortiller du croupion ! tu crois que tes pas la tantouze là ! BOB-RENE : suis cul nu, sous ma blouse moi ! GUY-FRANCIS : Tantôt au soir !... BOB-RENE : ah oui ! C'était cul nu ! GUY-FRANCIS : Bon, bref, on ne va pas y passer... Vous savez pour nous messieurs dames, la boucherie, le monde de la charcuterie, c'est une histoire d'amour ! C'est une part de rêve, c'est un rêve d'enfant qui c'est réalisé ! Bon, ben ! Nous, dans la profession, on est considéré comme quoi ? BOB-RENE : comme des artistes ! GUY-FRANCIS : comme des artistes ! Bon ben ! C'est tout ! BOB-RENE : Bon ben ! Heu ?... Moi, à 15 ans, j'étais rognon de platine, hein ! Heu !... J'étais "andouillette de bronze", heu !... Et j'avais ma photo dans "boucherie magazine" ! Voilà ! Ça se passe de commentaire ! GUY-FRANCIS : Y'a pas de mystère, hein ! Bon, ben !... Par modestie, je n'vais pas parler de ma "sculpture sur gigot" ! BOB-RENE : Non, ni de ta "pyrogravure sur boudin", on n'est pas là pour ça ! GUY-FRANCIS : Non, non, on est là, pour parler ce soir, messieurs dames, de l'homosexualité dans le monde de la viande qui n'est pas reconnue, hein ! BOB-RENE : Ben, moi ! Vous prie de croire que l'injustice, elle a commencé tôt, hein ! J'avais quoi, j'avais 15 ans, hein ! J'étais en école de boucherie, hein ! et ben, les étudiants, hein ! je sais pas ce qu'ils leurs étaient passé par l'esprit, les saligauds ! Ben, ils m'avaient appelé la dinde, hein ! et à Noël, ils voulaient me fourrer aux marrons, mesdames et messieurs, hein ! GUY-FRANCIS : ouais, j'en vois qui ricane, hein !... Ce n'est pas intelligent ! Car croyez-moi, on a souffert ! On s'est battu, hein ! on a donné des coups, on en a donné ! Raconte quand on s'est installé en boutique ! Les clients... BOB-RENE : Mais tu sais bien mon chéri, que je ne peux pas raconter... Ca me déchire le cœur ! GUY-FRANCIS : Les clients... Comme c'était moche, méchant !... Qui sont venus en boutique, nous ont demandé du "bifteck de phoque" !... Mais on est pas là pour en parler, hein ! Moi, j'vous ai amené une lettre, on n'est pas venue le doigt dans le derrière !... J'ai une lettre là !... Datée du 3 mars nannante douze. Lettre qui reste à ce jour sans réponse, hein !... Et ben, ce n'est pas ce qu'on est deux tantouzes, hein !... Et bien, excusez-moi !... BOB-RENE : Mais tu dis n'importe quoi là ! tu passes du "phoque à l'âne" ! Bon, écoute-moi bien ma chipolata, écoute-moi bien mon boudin blanc ! je te fais la promesse qu'il y a des têtes qui vont tomber ! Je parle de l'Élysée ! Mesdames et messieurs, je parle d'un certain François M. !... Non ! Non ! Mon chéri, il faut que les gens sachent... Un certain François M. d'une certaine république ! Ben, j'ai eu des rapports privilégiés avec cette personne, hein ! J'ai été sa femme ! Mesdames et messieurs, hein ! et j'peux en dire plus, hein !... Y'a des têtes qui vont tomber !... Vas-y raconte... GUY-FRANCIS : Ca m'fait pas rigoler, parce que moi, j'ai vécu une histoire d'amour avec un personnage public français, le maire d'une certaine capitale de France, hein ! je respecterais ton anonymat "mon Jacquou" ! hein ! Sache que là, on est prêt à aller jusqu'au bout, hein ! Et on est prêt à lâcher des noms et on en connaît, et il y aura des surprises, hein ! J'parlerais pas de l'Abbé Pierre ! Parlerais pas.... Enfin bon ! BOB-RENE : Mesdames et messieurs, fussent les risques encourus, nous parlons au nom de notre boutique, hein ! "Aux deux andouilles", hein ! Nous demandons la possibilité d'adopter le jeune Jean-Luc qui à 5 ans, hein ! Guy-Francis : Jean-Lou ! Un jeune cochon pubère, qu'on a recueilli.... BOB-RENE : Mesdames et messieurs, rejoignez-nous sur 36 15 Côte de porc ! |