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AU CIMETIERE Les Vamps
LUCIENNE : R’garde donc celle-ci… Elle est pas très bien entretenue.
GISÈLE : Ah oui, ça pousse dans tous les sens, hein
LUCIENNE : Y a du laissez aller dans le cimetière
GISÈLE : Combien qui sont là-d’dans ? ça peut contenir tant que ça ?... Ah en tous cas, c’est la même famille.
LUCIENNE : Pis, ils sont tous morts le même jour.
GISÈLE : Y a du avoir un accident de voiture
LUCIENNE : Ou la maison qu’a brûlé, ptêt
GISÈLE : Ah oui !
LUCIENNE : Ah mais non attendez, il manque la mère… oh… si ça se trouve, elle les a tous empoisonnés…
GISÈLE : Oh non !! Aussi bien, elle est partie avant en train et ils sont allés les rejoindre en voiture.
LUCIENNE : Oh ben, j’trouve pu Mâm Gourot… ils l’ont quand même pas déménagé ?
GISÈLE : Mais non, ils l’ont pas bougé ; elle est là… elle est toujours à côté de Mâm Trouillet.
LUCIENNE : Oh r’gardez, y a un nouveau là
! GISÈLE : Et ben dites donc, il est bien placé… il a dû réservé à l’avance.
LUCIENNE : (elle lit) À notre frère bien aimé qui nous a quitté trop tôt
GISÈLE : Trop tôt ? dites, il est quand même mort à presque 95 ans, non ?
LUCIENNE : Mais r’gardez donc Mâm Tronchard… il pourra r’faire le dessus… elle est toute moisie
GISÈLE : Déjà que de son vivant…
LUCIENNE : Dites, Gisèle, vous y pensez vous ? Des fois ?
GISÈLE : Souvent, oui !... à quoi ?
LUCIENNE : Ben…
GISÈLE : Ah ! À Mâm Tronchard ?
LUCIENNE : Mais non, à tout ça… à la mort !
GISÈLE : Ah non… oh là ; j’préfère pas y penser, ça pourrait la faire venir…
LUCIENNE : Vous croyez qu’il y a quelque chose… après ?
GISÈLE : Ben, qu’est-ce que vous voulez dire ? Vous croyez quand même pas qu’ils nous attendent avec du mousseux et des biscuits, non ?
LUCIENNE : Enfin, moi ça me travaille toutes ces choses-là … et nous, vous y pensez vraiment jamais à la mort ?
GISÈLE : Non, jamais !... ou alors à celle des autres… c’est plus gai !
LUCIENNE : Ça c’est vrai qu’on s’amuse bien aux enterrements..
GISÈLE : Je pense bien oui !
LUCIENNE : Et puis, c’est une bonne occasion de revoir des amis, de la famille…
GISÈLE : C’est surtout ça finalement…
LUCIENNE : Oh vous vous souvenez quand on a enterré Mâm Serpentin ?
GISÈLE : Ouh là, ils avaient oublié de lui enlever sa montre, ça faisait tic tac… tout le monde se demandait ce que c’était.
LUCIENNE : Au fait, Gisèle, vous avez fait un testament ?
GISÈLE : Oui, je lègue tout à la médecine.
LUCIENNE : Ah ils vont être gâtés ! Oh la médecine…
GISÈLE : Ouh ben ça…
LUCIENNE : Mais alors vous laissez rien à vos neveux ?
GISÈLE : Non ! De toute façon avec ma santé de fer, je les enterrerai tous, alors….
LUCIENNE : Et moi aussi, vous m’enterrerez ?
GISÈLE : Alors vous, c’est pas pareil… Vous, je vous ferai empailler
LUCIENNE : Oh oui, et puis, vous aurez qu’à me mettre sur le buffet.
GISÈLE : Comme ça, j’aurai l’image sans le son, ça me fera des économies…