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ILS S' AIMENT Comédie de Muriel Robin et Pierre Palmade
jouée par Michèle Laroque et Pierre Palmade
LE BISTRO

(Il est assis  sur une chaise)

LUI : Garçon ? Il est plus de 6h ? … Ah il est plus de 7h ! Ah ben, elle ne va pas tarder, elle avait dit 6h ! Hein ? Non, merci pas de café, j’en ai déjà pris 6, j’ai peur d’être énervé après. Ah ben tiens là voilà ! Chérie ? Isabelle ? Je suis là !
ELLE : Je suis en retard ? Ça fait longtemps que tu es là ?
LUI : Non non ! Je viens d’arriver !
ELLE : Bon ben tant pis je reste en double file !
LUI : Ah bon ! T’as pas trouvé de place ?
ELLE : Ben en fait, je l’ai laissé là où elle a calé ! Je l’ai pas bien en main encore cette voiture.
LUI : Bon, bon tu veux boire quelque chose ?
ELLE : Ah oui ! Un surfeur, avec du shweps ! Ah, je sais pas ce que j’ai depuis ce matin, j’ai envie de me taper un surfeur !
LUI : Ah bon ! Moi je vais reprendre 6 cafés ! Un, un café ! Alors tu t’es achetée une nouvelle voiture ?
ELLE : Ah ben oui, on s’est pas vu depuis ... ça fait 3 semaines ! La voiture c’est rien mais avec l’assurance qu’est ce que je douille !
LUI : Rappelle-toi, déjà à la macif, ils t’appelaient "Madame Malus" !
ELLE : Non, je ne me souviens pas, non ! Alors tu voulais me voir pourquoi ?
LUI : Ben ! Pour te voir ! Pour savoir comment tu allais ?
ELLE : Ca va pas !
LUI : Ca me touche que tu le dise car moi non plus ça va pas !
ELLE : Hein ? Ah non, moi ça va très bien ! Non, je dis ça va pas comme je me suis garée ! Si je reste là, ils vont me l’enlever ! Ça ne te dérange pas si je me mets là, comme ça je pourrais la surveiller !
LUI : Non, non ! Bien sûr ! Non !
ELLE : Eeehh, tu peux te pousser un petit peu s’il te plait ! Tiens je peux avoir mon sac ?
LUI : Bien sûr ! Bon on ne s’est pas dit bonjour !
ELLE : Bonjour !
LUI : Bonjour !
ELLE : Oui, pardon ! Donc tu disais que tu n’allais pas bien ?
LUI : Hein ? Si ! Je trouve qu’il fait un peu chaud en ce moment quoi ! Mais c’est tout ! Moi j’ai un peu chaud, je trouve !
ELLE : Tu m’as fait traverser tout Paris pour me dire qu’il fait chaud ?
LUI : Non, mais bon quoi ? Ça ne te fait pas plaisir de me revoir !
ELLE : Ah ben si si ! Très ! Alors comment ça va ? Ah oui tu m’as dis, il fait chaud !
LUI : Ah, il faut que je te demande quelque chose !
ELLE : Quoi ?
LUI : Bon j’ai trouvé personne pour faire le ménage chez moi…
ELLE : Tu avais dans l’idée que je passe faire la poussière de temps en temps ?
LUI : Non, mais comme je sais que tu prends pas Maria le jeudi, je lui ai demandé et elle a accepté !
ELLE :Ah ben parfait ! Comme ça elle te fera passer le courrier et on aura plus besoin de se voir
LUI : Voilà !
ELLE :Voilà !
LUI : Eh ben à nos amours puisque la santé on l’a déjà ! … C’est quoi exactement un surfeur ?
ELLE : Ben un mec qui fait du surf !
LUI : Ce que tu bois ?
ELLE : Ah pardon ! Je n’y étais pas ! Tequila, suze, vodka, currasso !
LUI : Ah ben dis-donc, il reste plus beaucoup de place pour le shweps ! Pour quelqu’un qui buvait pas d’alcool…
ELLE : Bah ouais ! On change ! En Grèce, je buvais que de ça en boîte, et toi la Corse ? C’est surtout la charcuterie là bas ?
LUI : La charcuterie oui ! Il y a du fromage aussi !
ELLE : Donc pour résumer, tu m’apprends qu’il fait chaud et qu’il y a du fromage en Corse !
LUI : Tu sais j’ai rencontré des gens passionnant. Notamment un vieux berger qui avait une très belle philosophie de la vie, (Elle prend son portable et consulte ses messages) et qui m’expliquait que devant chaque épreuve…
ELLE : Vas-y, je t’écoute mais j’écoute mes messages en même temps ! (Elle rigole) Donc tu me disais : charcuterie, philosophie, vieux berger !
LUI : Eh ben dis donc, t’as pas l’impression d’en faire un petit peu trop ? Du côté tout va bien, je me tape un surfeur, ouh là là que mes messages sont rigolo ! Tu ne veux pas nous danser un sirtaki pendant que tu y es ! Comme ça tout le monde verra que tu vas bien ! Je vais te dire, si on ne savait pas que tu venais de divorcer, on croirait que tu viens de te marier avec la patate que tu as !  
ELLE : Eh ben oui ! J’ai la patate ! Oui, j’ai la patate ! Pardon, j’ai la patate ! J’ai envie de rire, j’ai envie de m’amuser, j’ai envie de vivre ! Oui, j’ai la patate !
LUI : Mais moi aussi j’ai la patate ! Tu crois que tu es la seule à avoir la patate ! « Pardon j’ai la patate » (Il l’imite) ! Je te signale que tu n’as pas le monopole de la patate !
ELLE : Je n’ai jamais dit que j’avais le monopole de la patate ! J’ai juste dis que j’avais la patate ! J’ai quand même le droit d’avoir la patate !
LUI : Eh bien, dis-le que tu as la patate ! Moi aussi j’ai la patate ! On a la patate tous les deux, voilà !
ELLE : Tiens j’ai soif moi ! Une patate s’il vous plait ! Eeehh un surfeur !
LUI : Ecoute si je t’ai demandé de venir, c’est juste pour avoir de tes nouvelles ! Savoir ce que tu fais en ce moment ? Ton boulot ? Tes amis ? Qui tu vois ? Si tu sors ? A quelle heure tu rentres ?
ELLE : Et la couleur de ma petite culotte ça t’intéresse ?
LUI : Pourquoi tu dis ça ?
ELLE : Parce que je te rappelle le principe du divorce, c’est qu’on ne vit plus ensemble avec un avantage non négligeable c’est qu’on vit ce qu’on veut quand on veut sans que l’autre le sache !
LUI : C’est pas pour savoir ! C’est pour que tu me dises !
ELLE : Ah ! Ah ! Tu ne veux pas savoir mais tu veux que je te dise ! Eh ben je vais te le dire : … Tu sauras pas !
LUI :Ben tu vois Isabelle, on n’est vraiment pas foutu pareil !
ELLE : Ah ça c’est sûr !
LUI : Moi, tu pourras me poser toutes les questions que tu veux sur ma vie, je te répondrai !
ELLE :D’accord ! … D’accord ! Tu vas toujours au foot ?
LUI : Oui !
ELLE : Tu vois ta mère tous les jours ?
LUI : Oui !
ELLE : Ah ben voilà ! On a fait le tour ! Passionnant  ta nouvelle vie !
LUI : Je fais peut-être d’autres choses, je vois peut-être d’autres gens ! Mais par délicatesse…
ELLE :Tu vois d’autres gens ? Mais qui ?
LUI : D’autres gens et je te rappelle le principe du divorce…
ELLE :Ça va ! Ça va ! Ça va ! Tu revois Françoise ?
LUI :Peut-être !
ELLE : Tu revois Françoise !
LUI : Peut-être !
ELLE : Bon tu la revois ou tu la revois pas ???
LUI : Je ne la revois pas mais maintenant que tu m’en as parlé, tu m’as donné envie de la revoir !
ELLE : Elle est toujours majorette ?
LUI : C’est marrant hein ! Majorette dans ta bouche, ça fait presque insulte !
ELLE : Tu me diras dans la bouche de qui ça fait compliment !
LUI : Tu ne l’as jamais aimé Françoise !
ELLE : Si !
LUI :bah !
ELLE : Si ! Je me souviens plutôt d’une grosse gourdasse ! Mais bon, attend, si elle a pris du galon ! C’est marrant d’ailleurs parce que j’ai jamais vraiment su si toi et Françoise vous… Hein, allez ! Allez tu peux me dire maintenant on s’en fou ! Hein ? Maintenant on s’en fou !
LUI : Oui ! Maintenant on s’en fou !
ELLE : Oh j’ai chaud moi !
LUI : Ah tu vois toi aussi ! … Dis donc tu les bois pas un peu trop vite tes sportifs ?
ELLE : Surfeur ! D’accord ? Ça s’appelle un surfeur ! Bon écoute moi je comprends pas et ça m’agasse ! Pas toi ?
LUI : J’en sais rien ! Je sais pas de quoi tu me parles ?
ELLE : Mais quand les gens divorcent, c’est pour ne plus se voir, non ? Alors pourquoi nous on se revoit ?
LUI : D’accord ! D’accord ! … D’accord ! C’est de ma faute ! J’avais qu’à pas t’appeler !
ELLE : Mais non, c’est de ma faute, j’avais qu’à pas venir !
LUI : Bah oui ! Toi aussi pourquoi t’es venue ?
ELLE : Parce que j’ai pas réfléchi ! Tu m’as appelé, la voix m’était familière, j’ai pas eu peur ! C’est le réflexe d’Andropov ! Je reconnais la voix, j’y vais !
LUI : Pavlov !
ELLE :Ah ouais tiens, moi aussi ! 2 Pavlovs.
LUI :Mais non ! Réflexe de Pavlov !
ELLE : Oh là là ! … Ouh là ! Pavlov, Andropov, Smirnov ! On le sait que tu as de la culture et moi j’ai de la confiture ! Bon il vient ce surfeur, il faut que je me déshabille ou quoi ?
LUI : Non c’est bon ! Eh ben dis donc ! Je pense qu’avec les 3 surfeurs, la vague derrière elle va être costaud !
ELLE : Allez Françoise, balance le drapeau !
LUI : Arrête !
ELLE :Oh eh ! Je fais ce que je veux ! On n’est pas marié à ce que je sache ! Bâton en bas ! Bâton en l’air !
LUI : Arrête ! Donne-moi ce bâton ! (Il lui prend la paille).
ELLE : Eeennn ! Qui retire la paille de la main de sa femme se transforme en bonzaï !  ABRACADABRA.
LUI : Ah oui ! D’accord ! T’es complètement cuite ! Tu peux pas conduire dans cet état ! Je vais te déposer !
ELLE : NON ! Je n’ai besoin de personne … « en Harley Davidson ».
LUI : Alors là, c’est une catastrophe !
ELLE :On est seul, on vit seul et on meurt seul !
LUI : En tout cas, ta cuite, tu la bien prise toute seule.
ELLE : Ouais ! Parfaitement! J’ai pris toute seule ! Sans toi ! Désormais, je fais tout sans toi, je prends ma veste sans toi, je prends mon sac sans toi, je conduis sans toi, j’écoute JOE DASSIN sans toi et même JOE DASSSIN, il chante sans toi ! Je rentre chez moi dans ma maison sans toi !
LUI : Moi, je te rassure tout pareil, tout sans toi ! Déjà qu’on a raté notre mariage, ça serait vraiment trop con qu’on rate notre divorce !
ELLE : Eh ben, je m’en vais !
LUI : Non c’est moi qui m’en vais !
ELLE : Eh ben salut les surfeurs ! Bonne glisse !
LUI : C’est pas la mienne ! Je serais toi, je reprendrais un autre surfeur avec un peu de bol, ça va te recadrer !
ELLE : Ouais ouais ! Salut mon pote ! Eh ! Attention, il y a de la houle ! … Oh merde ! En plus, plus de batterie, formidable ! Capitaine, vous pouvez m’appeler un taxi, ils m’ont encore enlevé ma voiture.  

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