ILS S' AIMENT Comédie de Muriel Robin et Pierre Palmade
jouée par Michèle Laroque et Pierre Palmade |
LE FLAG
ELLE : (Seule sur scène) Coucou ! (Elle court de l’autre côté du paravent) Coucou ! (Elle se retourne et voit Maria, surprise) Maria ! Mais, qu’est-ce que vous faites-là ? Hein ? Mais non ça ne va pas du tout ! (Elle se rajuste) Non ! Mais non ça ne va pas ! Est-ce que je viens faire le ménage chez vous, moi, le samedi ?! Hein !! Hé ben…ça me plait que se soit en bordell chez moi le week-end ! Voilà ! Hé oui ! Ça me change de la semaine. C’est vrai ça ! Toujours bien rangé, toujours bien propre, c’est pénible à la fin !! Quoi ? Mais non je ne m’énerve pas Maria, mais si c’est énervant ! Philippe n’est pas là le week-end, c’est le seul moment où je peux me retrouver un peu toute seule (Elle fait un geste pour l’empêcher de rentrer).
LUI : (Il arrive donc de l’autre côté en sautant et en chantant) Où est-tu le lapin, Je suis dans ton calfouèt. (Il a une serviette autour de la taille, pas de pantalon) Lapin !!! …
ELLE : Pouêt-pouêt ! (Elle désigne Maria).
LUI :(Sur le même ton) Putain !! (Gros blanc, tout le monde est gêné).
ELLE : Je ne vous présente pas…
LUI :ça va Maria ?
ELLE : Bon Maria je vais vous expliquer, c’est très simple…
LUI : Oui ?
ELLE : Heu…Martin était dans le quartier (Il acquiesce), et il a eu un coup de chaud (Il acquiesce à nouveau). Alors il est monté prendre une douche…ce que n’importe qui aurait fait à sa place attention !! Bon…Non parce que c’est vrai, quand on a bien chaud, une bonne douche…
LUI : Ben oui parce que c’est agréable……Quand même……
ELLE : Voilà c’est bien agréable !! Enfin…heu…ceci explique cela…et heu…si vous ne me croyez pas, c’est normal, je vous comprendrais…c’est vrai que c’est difficile à avaler…… (Elle se retourne) Voilà démerde toi c’est tout ce que j’ai trouvé !!
LUI : Bon heu Maria, je pense qu’on est entre adulte, hein !! (Il reboutonne sa chemise) Vous connaissez la vie ! Cette vie qui n’est pas toujours une autoroute, il y a aussi des chemins de campagne que l’on emprunte de temps en temps……Tout n’est pas blanc…Tout n’est pas noir…Parfois c’est gris !! Voilà hein !! Et oui un mélange de blanc et de noir !! Oui un peu comme…le cyclisme…et euh…vous voyez c’est pas toujours plat, parfois il y a des pentes, et parfois des montées, et parfois même on crève ! Alors on prend sa pompe et on regonfle son pneu, courageusement (Il mime). On boit un bon coup dans sa gourde et on repart, jusqu’à la prochaine étape…
ELLE : Non mais arrête là, tu es complètement hors sujet !! Tu es en train de lui expliquer le tour de France là !!!
LUI : Oui ben alors quoi !! Alors quoi !! Tu veux que je lui dise la vérité ? Tu veux la vérité !! Tu veux que je lui dise que je suis passé pour dire un petit bonjour, qu’on a craqué et que c’est devenu un gros bonjour…qu’en 5 minutes on s’est retrouvé à poil et qu’on a baisé comme des bêtes……comme des malades !! C’est ça que tu veux que je lui dise… ??
ELLE : (Face à face, elle l’imite) Ben tu vois j’ai plus le choix, tu viens de le faire…ahahah !!!
LUI : Et oui je viens de le faire, et oui !! Et je ne vais pas m’arrêter là puisqu’on en est à se dire les choses ! Tu sais ce que je vais faire maintenant ??
ELLE : Non ?? Quoi ?
LUI : Ben je vais remettre mon pantalon, si je le retrouve ! (Il s’en va).
ELLE : Mais non Maria on se remet pas ensemble…
LUI :(Faisant demi-tour) Ah non ça certainement pas !! Non non !!
ELLE : Mais non il n’en a jamais été question qu’on se remette ensemble… !!
LUI : Là, là on est bien d’accord !!
ELLE : On est bien d’accord là…
LUI : Hein… ? On est bien d’accord ? Hein ?
ELLE :Ça s’appelle une bêtise !
LUI : Un accident de parcours…
ELLE : Une erreur…
LUI : Un coup pour rien !!
ELLE : Non mais attend ! Comment ça un coup pour rien ??
LUI : Oui mais non c’est une expression enfin !!
ELLE : Ouais ben pas très heureuse ton expression……En tout cas Maria je vous le demande comme un service ! Tout ça reste entre nous…
LUI : Oui oui !! Vous n’avez rien vu, il s’est rien passé !!
ELLE : Souvenez-vous… (Elle refait le geste du sketch « Maria », sous la gorge et la réflexion).
LUI : Voilà c’est exactement ça, c’est très bien dit !! (Ça sonne, il sursaute).
ELLE : Non ça va ! Ca va ! Je vais ouvrir c’est les pizzas !!
LUI : Ah oui c’est les pizzas !! Ouf !! Les pizzas !! C’est que ça creuse……
ELLE :Non alors c’est pas les pizzas, c’est Philippe…
LUI :(Le souffle coupé)C’est pas les pizzas, c’est Philippe…
ELLE :(Elle ouvre) C’est Philippe qui ne devait pas être là !! Et et et qui est là…… !! Hum !!
LUI :ça va Philippe ?? (Il chante au public en mimant) Gare aux gorilles !!
ELLE : Hum hum !! Hein ? Oui oui je comprends Maria !! Vous pouvez vous asseoir ! Moi-même je vous cache pas que j’ai un petit coup de mou là…
LUI : Alors ces poèmes ?? Ca avance ? (Il imite la mouche).
ELLE : Bon Philippe ça tombe très bien que tu sois là, et je suis sur que tu te demandes ce que Martin fait là avec une serviette éponge autour de la taille… Ne t’énerve pas, je vais tout t’expliquer…
LUI : Alors là on est tout suspendu à tes lèvres (Il se penche et les regarde).
ELLE : Philippe…… Bon écoute, Philippe, c’est pas une situation facile, hein !! Et euh… j’aurais vraiment préféré que ça ne se passe pas à la maison, mais voilà quoi… Se sont des choses qui arrivent dans la vie, enfin je vais pas te faire un dessin, je crois que tu as compris…… (Il s’avance tous les deux) Martin……est avec Maria !!
LUI : (Il fait une grimace avant de se mordre les doigts)
ELLE : Hein ? Oui oui je comprends Maria ! Vous pouvez vous allonger… (Elle penche la tête vers Maria allongée) Moi je reste debout parce que j’ai du monde !!
LUI : Alors là, chapeau bas !!!!!!
ELLE : Merci (Elle salut).
LUI : Alors là je dis Madame !!!!!!
ELLE : Merci (Elle re-salut).
LUI : Je pensais pas que tu aurais eu le cran de lui annoncer la vérité tu vois…
ELLE : Et ben pour tout te dire moi non plus…
LUI : Ben oui Philippe ! La vie c’est pas une autoroute, tout n’est pas blanc, tout n’est pas noir… Et parfois on crève un cycliste…alors on prend sa pompe et on regonfle, courageusement (Il mime). On boit un bon coup dans son pneu, et on repart jusqu’à la prochaine pompe……
ELLE : Oui ça va…Bon Philippe, ça y est, maintenant tu sais tout… !!! Allez Maria, hop !! Maria allez on se reprend !! Debout !! Maria, allez aider votre fiancé à retrouver son pantalon…
LUI : Maria…Passe devant je te suis !! (Il fait signe de lui mettre la main aux fesses de Maria et il sort de scène).
ELLE : Et soyez sages tous les deux !!! Non non attend je rigole mais tu parles d’une histoire… Mais lui est avec Christelle et elle avec son mari, mais où tu veux qu’ils aillent… ?? A mais je suis tout à fait d’accord avec toi !! C’est abracadabrant comme situation !!! Moi j’étais très gênée quand Maria me l’a demandé…… Quoi ? Moi ? Ah oui tu veux dire ce que je fais pendant ce temps ? Devine ? Ben je suis au salon, je fais le ménage… Alors tu vois !! Non non c’est la première et la dernière fois !! Écoute, ils ont fait une bêtise…, une erreur…, un coup pour rien……mais euh…je te promets qu’ils se reproduiront pas……euh non !! Que ça ne se reproduira pas……… !!!!
LUI :(Revient sur scène avec son pantalon et une veste à la main) Bon alors c’est rien, tout va bien, Maria à eu un petit malaise…
ELLE : Ah bon ?
LUI : Rien de grave, faut juste qu’elle se repose une petite heure !! (Il met sa veste).
ELLE : Ah bon !! Tant mais moi j’en étais sure, elle a plus la santé pour vivre des trucs comme ça…
LUI : Ah ah !! Sacré Maria… !!!!…Bon alors je vais prendre un taxi, Philippe j’étais ravi de vous revoir ! (Il lui serre la main).
ELLE :Ah mais non non non !!!
LUI : Si !! Là j’y vais parce que Christelle va s’inquiéter !!
ELLE : Mais écoute c’est idiot, je vais te raccompagner ! En plus il faut que je sorte, Philippe a plus de gommes…
LUI : Non mais t’embête pas je vais trouver un taxi en bas…
ELLE : Ca me fait plaisir…en plus il me reste encore un point sur mon permis, écoute je peux non ?!?… (Elle met sa veste) Je peux non !!
LUI : D’accord…heu…mais alors tu conduis doucement…
ELLE : Oui allez !! Zou !! Allez vas-y !! On y va et…ah oui Philippe je te laisse t’occuper de Maria, mais sois gentil avec elle car je crois vraiment qu’elle a morflé là…et heu…Alors tu…
LUI : Oui allez… (Il la tire vers lui vers la sortie en courant).
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